Arrêt technique pour le Belem ! Ce trois-mâts mythique, fleuron du patrimoine maritime français, fait une halte à Saint-Nazaire. Les outrages du temps sont désormais visibles sur la coque du navire de 126 ans. Clemessy, la marque d’Eiffage Énergie Systèmes dédiée à l’industrie, a été sollicité par V.Ships France pour remplacer le bloc de coque le plus corrodé, situé directement sous la cale des machines. À l’issue de ce chantier d’envergure, le Belem reprendra la mer le 30 avril prochain.
Avec ses sabords en trompe-l’œil, peints de part et d’autre de la coque en acier, le Belem en impose. Sucre, rhum et fèves de cacao du Brésil, ce navire marchand a effectué 33 campagnes depuis sa sortie des chantiers Dubigeon en 1896, jusqu’à sa retraite commerciale, le 31 janvier 1914. Devenu monument historique en 1984, puis navire-école civil à partir de 1986, il appartient désormais à la Fondation Belem et navigue pour le compte du gestionnaire de navires V.Ships France (V.Group Holdings Limited).
Seulement voilà, les tôles en acier qui composent la coque ont perdu de l’épaisseur et la Fondation Belem a opté pour le remplacement intégral du bloc concerné, plutôt que pour l’injection de renforts d’acier (ou patchs). À l’arrêt en cale sèche dans la forme 3 des chantiers de Saint-Nazaire depuis le 12 décembre, le Belem a été rehaussé sur des tins pour que le bloc corrodé, préalablement modélisé en 3D, puisse être remplacé par ripage.
« La particularité de cet arrêt technique se situe au niveau des travaux de chaudronnerie, sous la salle des machines. Ce qui nécessite la dépose de la quasi-totalité des équipements, dont la propulsion du navire. Études, conception, attinage, fabrication du bloc, démontage mécanique de la salle des machines, découpe de la coque, dépose du bloc détérioré, repose du nouveau bloc, intégration de l’ensemble des éléments machine… Vaste programme pour notre équipe qui doit aussi intervenir sur le système de propulsion (ligne d’arbre et paliers), le gouvernail et l’appareil à gouverner », résume Jérôme Lecamp, chef du département Arrêt.
Aguerris aux arrêts techniques de ce type, nos experts Clemessy réunissent à Saint-Nazaire les compétences et les métiers nécessaires à la bonne marche de cette restauration méticuleuse : expertise technique (bureau d’études), chaudronnerie, mécanique, tuyauterie, électricité… En mettant en œuvre l’ensemble de leurs savoir-faire, ils vont permettre au Belem de reprendre la mer dans les meilleurs délais ; son programme de navigation 2023 étant d’ores et déjà bien chargé.
Grace à ces travaux de conservation, le fameux trois-mâts, dont la renommée ne connaît pas de frontières, ambitionne, par ailleurs, d’obtenir son agrément maritime pour embarquer la flamme olympique lors des prochains Jeux de Paris.